Madame Culpabilité, voulez-vous bien passer votre chemin svp ?
Si vous êtes un père ou une mère quelque peu soucieux de vos enfants ( ce qui est a priori un pléonasme !) vous avez nécessairement ouvert une ou plusieurs fois la porte à cette intime invitée : madame Culpabilité.
Ce ne sont pas les occasions qui manquent dans le quotidien avec les enfants. Cela peut être tout simplement suite à ces paroles très frontales que tous les parents ont entendu des milliers de fois : « T’es méchant(e) ! » , ou bien encore, quand un enfant s’enferme dans son symptôme malgré toutes nos tentatives pour l’en sortir, ou bien, quand nous constatons, en regardant en arrière, que les choses dans la famille ne se sont pas tout à fait passées comme on avait prévu au départ.
Compte tenu que, dans l’aventure parentale, il y a à peu près 99 % d’imprévisible… », forcément, à un moment ou l’autre dans votre vie de parent, s’invite Madame Culpabilité. En soi, c’est d’ailleurs un signe de bonne santé ! Cela signifie que vous avez certaines capacités d’empathie, que vous avez un sens éthique vous rendant capable de faire la différence entre le bien et le mal. Bref, vous n’êtes pas un psychopathe sans cœur, ni foi ni loi : vous voilà rassurés, non ? !
Alors, Cher Papa et Chère maman bien élevé que vous êtes, que dites-vous quand madame Culpabilité frappe à votre porte ? « Bienvenue, entrez, venez prendre un café, faites comme chez vous… ! »
Ben oui, ce n’est pas comme si on ne se connaissait pas. Ça fait un moment qu’on se pratique tous les 2… Donc un café ça ne se refuse pas !
Et là, déferlent alors tous vos regrets, vos doutes, le poids de vos fautes… Et ça donne à peu près ça :
« Et si j’avais fait autrement ? », « j’aurai du reprendre le travail plus tard », « j’aurai du l’emmener voir un psy », « je l’ai peut-être trop laissé pleurer petit », « j’aurai du persévérer pour allaiter », « j’aurai du avoir une éducation plus ferme », « j’aurai du reprendre le travail plus tôt », « je n’aurai jamais du être aussi ferme », « je l’ai trop couvé », « j’aurais du être plus présent(e) »…
Et là, le café, tout à coup, prend un goût amer et commence à vous faire mal à l’estomac. Et oui, car le café n’est jamais bon avec Mme Culpabilité, il stagne à l’intérieur, et insidieusement au lieu de vous mettre un coup de fouet, il vous met un coup de bambou ! Même si je sais bien, vaillant comme vous êtes, que vous rassemblez toute votre énergie pour que surtout ça ne se voit pas, pour que surtout personne ne s’en aperçoive… Mais la douleur est bien là !
Parfois, cette charmante invitée s’autorise même à fouiller dans vos placards et à vous ressortir tous les vieux dossiers, classés dans la section « sensible », et elle utilise cela pour vous accuser encore et encore.
Elle peut aussi carrément prendre une chambre chez vous et s’installer pour longtemps.
Elle peut s’être invitée dans votre vie de parent, depuis le début, avant même que vous n’ayez pu voir la frimousse de votre premier-né. Déjà, quand il était encore en préparation dans le ventre maternelle, elle avait missionné madame Perfection qui s’est empressée de vous dresser la liste de tout ce qu’il faudrait faire pour que tout soit parfait pour cet enfant. Ces enfants que nous choisissons d’avoir – dans cette belle société où nous pouvons tout choisir et qui semble nous dire : « Si tu l’as désiré cet enfant, si tu l’as choisi et bien la moindre des choses serait d’être à la hauteur ! »
Oui, les occasions ne manquent pas, et pourtant celui, celle qui ouvre la porte, c’est bien vous… Et vous ne pouvez pas vous en empêcher, parce qu’à ce moment-là, vous oubliez une chose essentielle :
Quoi qu’il soit arrivé, vous avez posé le choix qui vous est apparu le meilleur possible au moment où vous l’avez posé, dans le contexte où vous l’avez posé.« Heu pardon, ça veut dire quoi ? » Ça veut dire qu’au moment où vous posez un choix, vous regardez ce que vous avez dans votre valise comme outils – comme ressources – et vous faites avec le meilleur outil disponible, que vous avez à ce moment là.
Vous connaissez beaucoup de parents qui ont volontairement décidé de choisir la pire option pour leur enfant ?
Non, non, on cherche toujours la meilleure solution compte tenu de tous les facteurs alentours… Même si cela se fait en partie inconsciemment.
Peut-être que vous avez cherché un autre outil et que vous ne l’avez pas trouvé où que la météo à l’époque était trop orageuse pour sortir acheter l’outil dont vous aviez besoin.
Et oui, évidemment que, dans l’après-coup, vous n’avez plus en tête tout le contexte dans lequel s’est tissé le déroulement des choses, et maintenant vous culpabilisez. Mme Culpabilité omet évidemment un nombre de détails incalculables quand elle vous attire sur votre terrain.
Alors pourquoi faut-il laisser Mme Culpabilité passer son chemin, comme le dit le titre de cette chronique :
1. Parce que culpabilité veut dire coupable…et coupable induit l’idée d’un châtiment. C’est ce qu’évoque la culpabilité… Quand elle vous ronge, elle devient un véritable châtiment.
Mais dites-moi, vous voulez vraiment vous auto-flageller où vous voulez trouver des solutions ? Si vous en restez à la culpabilité, vous vous centrez sur vous-même de façon infructueuse : la culpabilité n’amène aucune solution, elle est archi nulle en résolution de problème.
La culpabilité doit pouvoir amener à une remise en question constructive.
2. Parce qu’elle entretient chez vous cette illusion de toute-puissance : si mon enfant va mal, s’il est trop anxieux, agressif, timide, etc. C’est que j’ai dû louper quelque chose. Or il y a mille et un facteur qui font qu’un enfant devient ce qu’il est !
Les mères du 21e siècle sont enfermées dans cet héritage psychanalytique mal compris – car vulgarisé par les médias, qui nous amène à croire que la plupart des difficultés d’un enfant sont liées au lien de l’enfant à sa maman surtout dans ses premiers mois et années de vie et avant ses 6 ans svp. Attention, le compte à rebours va commencer ! En dehors de cela, point de Salut possible. La Messe est dite, Demerden sie sich avec votre culpabilité…Surtout si les « 6 ans » fatidiques ont déjà sonné.
Et pour vous Messieurs, ce n’est guerre mieux, car si vous avez cru être tranquille pendant des siècles sur cette question en laissant la sphère affective et éducative être l’apanage du giron maternel, on se demande si la société d’aujourd’hui ne vous demande pas, à tord, de pouvoir aussi être une « bonne mère » pour vos enfants.
Alors, oui, vous avez un impact certain sur ce que votre enfant devient, mais comme mille autres choses, dont la plupart vous dépassent totalement, ont eu un impact sur lui. Et n’oubliez pas que mille et un facteur peuvent l’aider à évoluer et à produire des petits changements dans sa personnalité et sa relation aux autres.
Travaillons à passer de la culpabilité à l’humilité : nous ne sommes pas TOUT, nous ne pouvons pas TOUT.
3. Et si, au lieu d’être la mère ou le père coupable de ce que cet enfant traverse – ce qui va vous pousser à vous morfondre ou à fuir par dépit dans votre travail, le chocolat ou le shopping – vous pouviez voir que vous êtes pour lui le meilleur parent qui existe pour l’aider à traverser cela ? Prenez-vous vraiment pour un hasard que cet enfant ait atterri justement dans cette famille ?
Si vous pouviez considérer que le symptôme de votre enfant était là, non pas pour que vous vous enfonciez dans l’impuissance, mais pour que toute votre famille grandisse, et avance vers un équilibre plus sain ?
Mme Culpabilité au final, on ne vous en veut pas, car finalement, vous ne faites que votre travail : vous tirez la sonnette d’alarme ! On veut juste vous remettre à votre juste place :
Si vous vous pointez à notre porte, et bien, nous en tiendrons compte, non pour vous inviter à prendre le café, mais comme un signal, un message. Ce message vient de cette petite voix intérieure qui nous invite à vivre de façon plus alignée avec ce que nous croyons, avec ce que nous voulons, avec ce que nous sommes profondément. Et cette voix nous donne envie de produire un changement. Cette saine remise en question va être le moteur pour prendre un virage.
Alors vous qui me lisez, raccompagnez Mme Culpabilité à la porte, remerciez la pour le signal et invitez la à poursuivre sa route. Et puis, sortez de votre maison, emmenez vos dossiers « sensibles » et traitez les l’un après l’autre. Il peut s’agir pour certain de demander pardon, pour d’autres d’ajuster une relation ou encore de travailler sur soi en vous faisant accompagner par un professionnel… Tout ça en n’oubliant pas que vous êtes légitimement imparfait !
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une promenade enrichissante dans cette courageuse quête de vérité envers vous-même.
Effectivement, la culpabilité est fille de l’amour propre.
Nous pensons , à tort, que nous maitrisons notre vie.
Vanité des vanités. Illusion d’optique.
Nous sommes imparfaits pour de multiples raisons.
Quelle est notre part de responsabilité dans ces imperfections?
Infime quand on y réfléchit quelques instants
L’époque ou nous sommes nés, le lieu, la culture de notre pays , notre famille, notre éducation,notre hérédité…. Tout cela , nous le subissons.
Que reste t’il de notre liberté » d’agir »?
Nous espérons que nous avons la liberté d’agir et de choisir et nous sommes certains que nous en avons une part. Mais quelle part n’est pas régit par tout ce qui nous a été donné? Est ce que nous ne sommes pas « agit » par plus vaste que nous? Question existentielle éternelle.
Alors, pour les parents , comme pour les enfants, apprenons l’humilité et surtout la gratitude.Si nous sommes imparfaits, remercions de ne pas être pire.
Chacun de nous fait du mieux qu’il peut, avec les moyens qu’il a reçu, au moment ou il le fait.
Nous avons reçu la Vie et nous l’avons transmise, sans trop savoir ni comment ni pourquoi, poussés par la Vie qui nous traverse.
La culpabilité , comme la fierté, ne sont pas de mise. Pas plus que la rancoeur vis à vis de nos parents pour leurs imperfections.
Reste seulement la gratitude d’être en Vie.