« Va mettre ton pyjama, range ta chambre, ne met pas tes coudes à table, ramasse ton slip, arrête d’arroser les toilettes…»
Vous aussi, vous remettez le costume de lieutenant chef tous les soirs de 4 à 8, (alors que vous préféreriez, sans conteste être à un 5 à 7 avec votre moitié) et vous n’en pouvez plus d’endosser ce rôle ?
Même si le lieutenant chef a de l’humour et plus d’un tour dans son sac pour arriver à faire passer le même message de 120 façons différentes, vous êtes quand même en train de vous demander si un robot bien programmé ne ferait pas mieux l’affaire.
Il n’y a pas à tortiller, vous ne supportez plus de vous entendre et vos enfants non plus ! Et oui, nous avons besoin de créativité pour survivre à ce 4 à 8 inéluctable, à cette mission impossible – dont malheureusement aucun Tom Cruse ne viendra nous délivrer, ne rêver pas Mesdames – puisqu’il s’agit bien de mettre tout ce petit monde au lit pour 20 h, n’est-ce pas ?
Pourtant, vous avez déjà tout tenté :
la version chantage-menace : « Si tu ne mets pas, tout de suite, ton pyjama, tu pourras faire une croix sur tes Pokémons »
la version chantage/récompense : « Si vous mettez votre pyjama de suite, vous aurez le droit à un dessin animé ! »
La version humoriste : « Pyjama bleu recherche avec urgence son propriétaire ! Prière de se présenter au comptoir » !
La version en un mot « Pyjama !», (ton de voix robocop)
La version fair-play : « Et si tu me racontais ta journée en mettant ton pyjama »
La version responsabilisante : « As-tu bien rempli toutes tes petites missions du soir mon champion ? »
La version Jacque Bower, cellule antiterroriste : « Compte à rebours, 10 secondes pour mettre son pyjama avant que maman n’explose ! ». PS : cette liste n’est pas exhaustive, car la créativité parentale est immense quand elle a besoin d’obtenir ce qu’elle veut !
N’est-il pas vrai que, par moment, votre propre voix prend une tournure envahissante pour vos enfants, comme pour vous-même ? Comment se peut-il que cette voix, tant aimée, tant chérie, cette voix qui serait d’après les scientifiques, la première chose que le nourrisson entend déjà dans les tréfonds de l’utérus puisse générer autant d’indifférence ou au contraire d’agacement chez nos enfants… Mais oui, c’est justement là le truc : ils ont beau être sortis de votre ventre depuis déjà plusieurs années, c’est comme-ci vous faisiez parfois tellement partie du décor que leur cerveau n’enregistre plus les informations que vous leur transmettez… Voire même, leur cerveau s’en protège…Oups!
Comment se fait-il que la même chose, prononcée par Monsieur une seule fois au moment où il rentre du travail produise cet effet si miraculeux que nous arrivons rarement à obtenir nous, les mamans ?

Trop de mots tuent le mot…Et crée des mauxDe gorge, souvent. Alors n’attendez pas l’extinction de voix ! Quand vous sentez que vous avez trop parlé, trop exigé, trop réclamé, c’est le moment de changer de façon de faire.
Chut, commencez par vous taire… Et respirez profondément (et oui encore, j’y reviens). Devenez un peu comme un nuage, tien… Que rien ne peut atteindre dans sa ferme tranquillité céleste.
Vérifiez bien que votre cher intellect n’en a pas profité pour introduire cette pensée poison de toute relation parent-enfant : « Ils le font exprès pour m’emder »… Et puis, formulez brièvement votre demande sur un papier, ou mieux (plus amusant) une pancarte. Ah oui, ils ne savent pas encore lire ? Pas de problème, le dessin (fait par l’enfant lui-même, de surcroît, fabuleuse idée d’activité pour le mercredi après midi) ou le picto imprimé d’internet fera largement l’affaire. Et là, assistez au miracle qui se produit sous vos yeux ébahis… L’information monte au cerveau de votre enfant par un autre circuit et il comprend !!
Il est même possible de préparer vos notes à l’avance et de les planquer dans le tiroir de la cuisine (car c’est généralement là où l’on se trouve pendant le 4 à 8, non ?)
Il ne cesse de me revenir cette parole de Saint Paul dans la bible : « Pères n’irritez pas vos enfants… »…Verset quelque peu déroutant à la première lecture. On aurait envie de répondre : « Oui enfin, c’est plutôt moi qui suis irritée dans l’affaire… Avec tout le respect que j’ai pour Saint-Paul, je ne suis pas sûre qu’il ait pratiqué le 4 à 8 très souvent ». Ceci dit, il n’a pas tout à fait tort. Car on aurait souvent tendance à croire que pour changer le résultat il faudrait juste changer d’enfant… Mais non, ne rêvez pas ! Ceux des voisins font exactement pareils. Si vous voulez que votre demande produise un résultat, changez votre façon de demander.
Alors ce soir, en rentrant du boulot, dans le métro, vous préparez votre petite pancarte surprise et surtout vous la sortez au bon moment… Et puis vous nous racontez ?