Que vous alliez errer plusieurs jours, quelque part entre le lit et le canapé, sans jamais pouvoir atteindre la douche,

Que l’écharpe de portage – qui vous a coûté un certain prix – est impossible à nouer avec les quelques neurones qu’il vous reste à ce jour,
Qu’après une sur stimulation de votre cerveau émotionnel pour traverser l’accouchement, vous devriez brancher le cerveau rationnel – en mode « low battery »- pour remplir les papiers sécu, CAF et compagnie,
Qu’il faudrait prévoir dans le frigo de quoi tenir un siège, sous peine d’être rapidement sous-alimenté,

Qu’il serait illusoire de pouvoir faire pipi quand vous en aurez envie,
Que, pourtant, le besoin de faire pipi serait multiplier par 10 !
Qu’il faudrait désormais vous habituer à manger d’une main et qu’il sera bon de troquer fourchette et couteau pour une valeur plus sûre : la cuillère à soupe,
Que pendant la tétée, le verre d’eau ne serait jamais suffisamment prêt pour que vous puissiez l’attraper,
Que bébé se réveillerait pour manger,  au moment précis où vous partez pour une sieste,
Que votre communication de couple serait réduite à quelques onomatopées…
Que de surprises, que d’inattendus…Je continue ?

Bon alors, on fait quoi ?
Justement, on arrête de FAIRE…pour ETRE…
Les bébés nous font basculer dans une autre temporalité, les bébés sont les grands amis de « l’ici et du maintenant » ! En leur présence, le temps semble se diluer. Un peu comme si nous sortions d’une temporalité terrestre, ce qu’ils nous font bien ressentir, en vivant de façon indifférenciée le jour comme la nuit, n’est ce pas ?

Les bébés nous invitent à passer du chronos – qui définit le temps physique- au kairos, le temps qualitatif de l’instant présent… – si tenté qu’un peu de philosophie au passage puisse nous aider.
Vivez cet instant, ce kairos… Ne vous perdez pas dans le chronos, vous ne vous sentiriez qu’insatisfait et frustré.

L’arrivée d’un bébé peut nous amener à nous sentir plus fragiles, plus dépendants, peut-être même en perte de contrôle…
Vivez cette fragilité qui vous ramène à l’essentiel, et acceptez de ne plus pouvoir tout faire. Certains de nos besoins primaires ne peuvent plus être assouvis de suite (dormir, manger, uriner, etc.) car ce petit être dépend maintenant totalement de vous et vous mobilise totalement. C’est à la fois magnifique et vertigineux, cela vous donne une bonne raison pour vous autoriser à être bichonnée et à accepter de dépendre aussi des autres. N’oubliez pas cependant que personne, pas même votre conjoint, ne pourra deviner vos besoins ni les lire dans vos pensées ! Formulez les…

L’arrivée du bébé désorganise… Laissez-vous bousculer pour un temps dans vos habitudes, dans vos idées, vos façons de faire, dans votre vie intime. Ne craignez pas de vivre cette « crise » identitaire et familiale. Elle est nécessaire pour vous faire passer du statut d’amants au statut de parents et de famille. Comme toute crise, cela déstabilise, mais se traverse pour apporter des remaniements essentiels qui serviront à l’équilibre de chacun par la suite.
Cessez de lutter avec l’idée de continuer « comme avant »…. Il y a, certes, un deuil à faire pour accueillir la suite. Les choses seront désormais « comme après » ! Il y a quelque chose de très précieux à se laisser porter par ce mouvement de vie qui émerge. Ne passez pas à côté. Cela sera l’occasion de remanier des choses dans votre vie, de faire peau neuve, d’évoluer dans vos systèmes de valeurs.
Petit à petit, chacun retrouvera sa place, son harmonie entre la femme et la mère, entre l’homme et le père. Rappeler à votre homme que l’être sensuelle qu’il connaît n’est pas si loin derrière le pyjama d’allaitement, mais qu’en attendant, vous avez tout particulièrement besoin de son amour enveloppant et protecteur pour vous aider à accueillir bébé.

« Il y a un temps pour tout et pour toutes choses sous les cieux » (livre de l’Ecclésiaste)

Bonne route à trois.

Anouck Boulet de Bohan, 06 63 60 31 83, 74 rue de Patay, Paris 13 / 17 rue des Fossés Saint Marcel, Paris 5