Ça y’est, Noël est passé et vous avez traversé…
Alors ça s’est passé comment pour vous ?  « Super, la bûche de belle maman, un délice ! », «  les petits ont été hyper gâtés » …
Vous faites un peu les fiers parce que c’est derrière vous, jusqu’à l’année prochaine. Mais on sait bien vous et moi que l’approche de Noël vous a créé quelques petites nuits blanches pour les plus inquiets et quelques crampes d’estomac… Qui ne sont pas liées qu’à l’idée de la dinde au marron ou des apéritifs rapprochés.
Mais pourquoi cette magnifique fête sous le signe de l’espérance, du don et de la lumière se trouve-t-elle le théâtre d’autant de frustrations et de craintes ?
Est-ce parce que vos enfants deviennent de plus en plus insupportables à l’idée qu’un truc exceptionnel – mais éphémaire! – va se passer ?
Est-ce parce que l’atelier « spécialités de Noël » que vous avez organisé à 3 jours des fêtes s’est terminé en pugilat ?
Ou bien est-ce parce que malgré toutes vos bonnes résolutions, vous n’avez encore pas vu le truc arriver et vous êtes retrouvé le 23 au soir à courir les boutiques pour trouver la jupe à paillette que vous réclame votre fille depuis 6 mois, la même que toutes mes copines, maman, tu sais ? Fête commerciale quand tu nous tiens… !
Non, non et non…
Et si c’était à l’idée de plonger dans le bain familial, d’aller se frotter à la « grande famille » qui était la cause de votre agitation émotionnelle ? Oui, la famille élargie, celle d’où vous venez, parents, frangins, frangines et puis celle que vous avez épousée et qui s’est ajoutée ensuite : tous les beaux et belles quelque chose… Qui nous mettent parfois dans de beaux draps !
Car finalement, que nous font ces retrouvailles de Noël ?
Cette fête nous renvoie tout d’abord à la question de nos traditions familiales, de nos valeurs, de notre identité familiale… On pourrait comparer cela à notre jardin. Ce jardin, vous avez mis des années à en choisir les fleurs, à les planter, à en prendre soin, vous l’avez conçu en couple, vous y avez intégré souvent des graines et des semences provenant de chacune des deux histoires familiales, vous l’avez agrémenté de plantations découvertes au fil du chemin… Et pour bien le protéger, vous avez mis autour cette belle clôture bien robuste.
En général, dans votre quotidien, vous arrivez assez bien à gérer les entrées et sorties de ce jardin, c’est vous qui avez la clé, qui décidait qui entre et qui sort. Mais là, allez savoir pourquoi, dans la famille, c’est comme si vous n’aviez plus la main sur les entrées et sorties…Ou bien, vous n’avez pas le cœur de laisser fermer alors que ce serait nécessaire, parfois même vous enlever la clôture comme dans ces jardins à l’américaine, vous savez (ça m’a d’ailleurs toujours posé question…) ou bien, vous avez tellement barricadé le truc que votre famille se sent un peu vexée ne pas même pouvoir entrer, voire même pour certains, vous ne vous voyez plus.

En replongeant dans nos familles, nous redoutons que notre identité soit menacée, perturbée, que notre clôture soit forcée, que nos jolies plates bandes fleuries soient piétinées, jalousées peut-être ou même totalement ignorées. En bref, on a cruellement peur de ne plus pouvoir être soi-même. Que cette clôture solidement construite soit défoncée à la première réflexion, que notre identité familiale s’effondre !
Ça fait écho pour certains ?
Alors, malgré tout, vous avez traversé ce Noël et ces retrouvailles parfois cocasses…Peut-être que vous avez trouvé un peu casse coup l’accueil façon « camp de réfugiés » chez vos parents un peu roots (vous le saviez, mais quand même…) qui ont pensé stratégique de vous concocter une chambre familial pour vous deux et vos 3 enfants de 4, 2 ans et 2 mois. Tant pis pour le sommeil, après tout, ça fait déjà plusieurs années que ce n’est plus qu’en option pour vous non ?
Peut-être avez-vous bondi intérieurement aux remarques de votre belle-mère sur la manière inadmissible dont vos enfants sont éduqués. Peut-être que le repas de Noël vous a semblé un peu longuet, surtout au moment des blagues grivoises de l’oncle Robert, qui ne s’est visiblement pas renouvelé dans son répertoire depuis 20 ans. Peut-être que vous vous êtes senti comme un cheveu sur la soupe le temps d’une après midi passé parmi une vingtaine d’enfants hurlant et en total free style. Peut-être même que vous avez même dû prétexter la migraine pour vous retirer dans votre chambre…

Et pourtant, vous avez traversé cela… Laissez-moi deviner grâce à quoi…
Un bon paquet d’humour – pour prendre avec recul les situations les plus cocasses 
Quelques apéros bien corsés…pour se consoler 
La certitude infaillible que vous êtes debout dans votre vie et dans vos convictions – ce que pensent les autres n’y changera rien 
La certitude que rien n’est parfait en ce bas monde et qu’il est de notre chemin de composer avec les imperfections de chacun 
Et puis, vous n’avez pas oublié que vous n’êtes pas par hasard dans cette famille et que vous n’avez pas choisi votre belle-famille par hasard non plus…
Ce n’est pas un hasard si, vous qui venez d’une famille un peu « coincée » vous avez épousé quelqu’un dont la famille a les mœurs un peu plus libérées, au risque que parfois, cela vous bouscule…
Ce n’est pas un hasard si, vous qui venez d’une famille où plus personne ne se parle à force de s’être dit « les choses en face » vous avez épousé quelqu’un dont la famille est unie au point que parfois, vous étouffez… Il y a bien là quelque chose que vous êtes venu questionner, non ?

Alors comment c’était Noël cette année ? Vous êtes toujours vivants ?
Et bien… Le jardin a été un peu chamboulé, la terre retournée par endroit, les fleurs les plus fragiles se sont peut-être un peu flétries… Bon et puis… , après tout, les arbustes sont toujours là, le petit chemin de caillou aussi, la clôture fonctionne encore. Et puis les fleurs ça repoussent 

Je ne suis pas du style à mettre les mains dans la terre tous les 4 matins, mais on dit souvent qu’il est bon pour la terre d’être retournée Alors qui sait ? Peut-être de nouvelles graines germeront de ce Noël? Et puis peut être aussi quelques idées pour vivre un peu autrement Noël l’an prochain…

Anouck Boulet de Bohan, 06 63 60 31 83, 74 rue de Patay, Paris 13 / 17 rue des Fossés Saint Marcel, Paris 5